Myrtion Plum'mol

Histoire : Une petite pointe de nostalgie me saisi toujours quand je revois ces anciens témoignages. Le papier a jauni depuis le temps, malgré mes efforts pour le conserver dans le meilleur état. Certaines lettres commencent à disparaître. Bientôt il n'y aura plus rien et je devrai me reposer sur mes seuls souvenirs. Cette histoire est tellement incroyable, les personnages rencontrés si vivants dans leurs débordements d'excentricité. Je ne les perdrai sans doute jamais, mais quelques témoignages matériels me permettent de croire qu'ils ont existé, que ce ne sont pas les derniers délires d'un vieux fou privé de tout. Quelques soirs magiques comme celui d'aujourd'hui, j'aime parcourir à nouveau ces lignes à la lueur d'une bougie. Il me suffit de laisser filer les premiers mots, et la magie s'éveille à nouveau, les premières images d'un jeune apprenti observant les ombres sur le mur.

Un vieux gnome, presque aussi vieux que moi, déblatérait ses conseils et croyances concernant les trésors enfouis dans les profondeurs que nous étions censés retrouver afin de comprendre les moeurs d'anciens illustres et pouvoir les imiter, ressusciter leurs sociétés autrement plus évoluées. Ce n'était plus de l'archéologie, mais du fanatisme passéiste et je ne trouvais rien d'utile à cela. Pour être tout à fait honnête, je m'emmerdais sévèrement à l'époque. Balayer de la poussière à l'aide d'un pinceau à longueur de journée, non merci. L'envie d'aller voir ailleurs me taraudait, comme tous les jeunes des environs, cependant quand leurs pas les entraînaient toujours plus loin dans l'obscurité, je ne rêvais que de voir le ciel tous les jours, et être plus utile qu'en faisant ressurgir des vestiges hors d'usage d'une période bien arriérée. La pierre était inerte, fade. J'avais envie de mouvement, d'agitation, de couleurs, de mélodies pétillantes, de danses, de farces.

- ...seconde étape de la recherche archéologique. Elle est fondamentale puisque toute l'interprétation historique dépend de la qualité et...

- Oh tu me fais chier vieux débris ! C'est pas une vie de rester planté six pieds sous terre ou plus !

- Hein ! Quoi ?! Myrtion ! Revient ici garnement !

Je l'imagine encore, trébuchant, tentant de sortir de sa torpeur débitatrice acquise au long de nombreuses années de pratique. Pas un mauvais bougre, il souhaitait réellement qu'il ne m'arrive rien de mal je pense, pas forcément pour les meilleures raisons cela dit, mais son combat était perdu d'avance. Il m'avait perdu de vue bien avant de commencer à haleter sous l'effort.

- Misère... Qu'est ce que je vais bien pouvoir dire à ses parents...

Le son se propageait de manière étrange dans ces grottes. Sur ces paroles, j'eus un petit moment de doute, minime, ridiculement insignifiant, et ce fut bien le seul. Je trouverais une place à l'extérieur ! Cette phrase scandée m'empêchait de réfléchir et d'être tenté de regarder en arrière. Une décision aveugle prise sur un coup de tête, très grisante. Pas superbement développé comme concept, admettons-le. Mais comme diraient les autres, j'avais la foi. Un troc de croyance intéressant, mais à part ça, on peut bien dire que je ne réfléchissait pas des masses. Sortir, c'était tout. Le reste suivrait bien tout seul.

J'aurais pu accepter n'importe quoi pour suivre cette vision, une chambre miteuse infestée de cafards dans un bouge paumé au milieu de nulle part et un petit boulot de touche-à-tout occasionnel pour pouvoir grignoter quelques steaks de rat, la vie aurait tout de même été la plus fabuleuse que l'on puisse imaginer parce que ce petit coin de ciel pas toujours bleu me survolerait à longueur de journée. Heureusement, au final, les cafards avaient crevé de faim. Je n'en était pas loin non plus de mon côté, des journées passées à apporter un peu d'aide aux malheureux du coin à partir de matériaux de récupération qu'ils parvenaient à m'apporter. Être utile oui. Je me tuais à la tâche et j'adorais ça en plus. Malgré les difficultés, j'y étais heureux, ou toutefois j'en avais l'impression.

Je touchais un peu à tout, agriculture, menuiserie, poterie, taille de pierre, ferronnerie, métallurgie, concoctions de potions diverses et variées pas tout le temps avec les effets les plus bénéfiques. Quelques gamins passaient pour découvrir des jouets montés à partir de vieux clous et de quelques brindilles, les gens reprenaient un peu le sourire en nous observant. Et bien sûr, je me droguais à cette attention tentant de la renouveler tous les jours en leur proposant ma dernière trouvaille sur laquelle j'avais passé la nuit, ou s'il n'y en avait aucune, je disparaissais quelques temps, n'osant offrir cette vision pathétique.

- Dites vous pouvez dégager de sous mon arbre, je suis arrivée avant vous !

Ah tiens, la voilà ! Oui, forcément elle devait arriver dans cette histoire. C'est un de ces jours de panne que nos chemins se sont croisés. Pas vraiment pour le mieux.

- Puis arrêtez de balancer des pierres dans cette mare à la fin, j'aimerais faire ma sieste tranquille !

Je n'avais jamais vraiment prêté attention aux histoires sur lesquelles reposaient les différents des gnomes et des farfadets. Pour moi, il s'agissait en grande partie de ragots sans fondement, cela dit sur le coup, il y en a une que j'aurais bien fait choir dans le plan d'eau en question. Ce qu'elle était emmerdante ! Et elle continuait à râler, mais je ne voulais pas partir. Arrivée avant moi, et alors ? Oui, j'étais têtu également. Je m'en mordais encore les doigts quelques années plus tard. Ce n'était pas grand chose, juste une rencontre fortuite sous un noyer, mais elle m'a pourri l'existence mon existence de l'époque. Vous croyez que cette farfadine serait descendue de son perchoir pour mettre en pratique ses menaces ? Non, elle se tut au bout d'un moment, et je restai, tentant de l'ignorer.. Les coups tordus ne faisaient pas encore partie de mon expérience, ou le cas échéant guère plus que quelques plaisanteries un peu douteuses. Je n'étais pas préparé à la suite des événements.

Cette folle me suivit dans le village. Mon seul réconfort à cette idée : qu'elle ait du se restreindre au même régime alimentaire, mais sinon... Avez-vous déjà eu l'impression de ne plus rien réussir ? D'être condamné à l'échec constamment ? Elle s'introduisait en pleine nuit dans le petit réduit qui me servait d'atelier et de chambre à coucher et altérait chacune de mes créations. Le lendemain, je présentais à mon public ces rêves brisés qui repartait privé de sa dose quotidienne de bonne humeur, ou dans les pires des cas, lorsqu'une réparation devenait encore nécessaire, mes interventions causaient plus de dégâts qu'elles n'en réparaient. Comment aurais-je pu savoir qu'on me poursuivait pour un petit accrochage d'egos... Autour de moi, la rancoeur revenait, les gens retrouvaient leurs habitudes de méfiances, trompés, spoliés de leurs espoirs d'une vie plus simple. Je les détruisais. Il aurait fallu que je parte, mais j'avais envie de leur offrir une dernière chose, de trouver de quoi me racheter. Une potion, oui, je me lançais dans la création folle d'un remède universel ou peu s'en faut.

Jamais je ne saurais si le résultat était vraiment à la hauteur de mes espérance. Il passait de nombreux tests, mais bien sûr, elle ne pouvait me laisser même cette satisfaction, et il a fallu que j'y plonge les lèvres. Il fallait bien vérifier vous comprenez ? Le résultat fut pour le moins... surprenant. Ce n'était pas la première fois que j'atteignais un résultat différent de mes attentes dans ce domaine, mais là le changement fut un peu trop radical à mon goût. Transformé en naïade ! Certains en rêveraient, mais comment est-ce que j'allais faire pour convaincre mon entourage des améliorations de mon travail ? Tout était fini.

Au moins avaient-ils eu de sympathiques ragots durant quelques semaines, l'histoire d'une créature dans le plus simple appareil traversant la place principal en larmes et courant se réfugier dans les bois environnants. Un dernier espoir. De mon côté, les aventures ne s'arrêtaient pas là. Ma course trouva son terme au pied du théâtre d'une petite fiesta féerique. Peut-être oserais-je un jour vous raconter la suite...

J'adore et...
Je valide, crénom de dieu!

J'en connais un qui va être ravi *zieute ver Tinker Bell qui bat des ailes et cabriole en tous sens*

(en tout cas je dois admettre que la transformation t'a plutôt bien réussi ^^)

Je sais, je l'ai déjà dit, mais on ne le fait jamais assez.

Merci beaucoup !
Maintenant, Allons nous plonger gaiement dans les moeurs féériques !

( pis même pas vrai. Avant la transformation j'étais déjà tout aussi beau. On m'avait même élu moustache du centenaire avant ma fuite ! )