Mon coeur est remplit mais mon coeur s'ennuit (Pour Rociel)

Papiers, dossiers, feuillets.
Parchemins, notes, traités.
Et au milieu de tout ça, un pauvre mec.

Un pauvre mec démoniaque attention.
Avec une crête auburn sur la tête, des yeux améthystes qui ont l'air d'être un peu voilés...
Par la fatigue très certainement, ce qu'approuvent les deux grandes cernes sous les yeux du-dit jeune homme...

Car oui, jeune, il l'est.
Surtout pour un démon.
Et surtout en apparence.

Il a l'air d'être un peu paumé... ou en stage en cas.
Mais non, c'est son travail, celui auquel il tient comme à la prunelle de ses yeux...
Un mois qu'il a été -ré-engagé au palais en tant que secrétaire particulier.

Une lourde tâche me direz vous mais ce n'est pas comme si ça l'effrayait.
Il a travaillé pour les anciens souverains avant cela... et avant les anciens souverains, il a travaillé au ministère démoniaque.
Pas la peine de préciser que c'est un exemple de sérieux et d'acharnement.

Il aime son travail plus tout.
Certaines mauvaises langues... plus taquines que mauvaises d'ailleurs, le disent amoureux de ces dossiers.
D'autres, plus méchantes que taquines, lancent qu'il n'a pas d'amis.

Et peut-être est-ce vrai car il ne sort pas beaucoup.
Il préfère de loin terminer son travail et rentrer rapidement à son appartement pour se doucher et dormir deux heures avant de repartir.
Il est au bord de l'épuisement mais surtout ravi...

Il veut être à la hauteur de ses souverains qu'il n'a pût encore rencontrer.
En effet, être enfermé 24h/24 n'aide en rien à se socialiser.
Comme s'il avait envie de se faire des amis de toute façon... le travail avant tout!

Le travail c'est la santé hein?
Vu son corps maigrichon, ces cernes et ses cheveux ternes, je n'en suis pas si sûr.
Heureusement qu'il carbure à l'équivalent de la caféine, spécialité des anges...

Une tasse vous fait tenir deux heures de plus alors que vous êtes au bord du coma par manque de sommeil.
Génial hein? Surtout pour un petit gars comme lui qui veut absolument terminer le dossier X000765 concernant les échanges de machin avec bidule avant de rentrer.
Que dirait un visiteur ouvrant la porte en ce moment même?

Déjà, il verrait un pauvre gamin penché sur un traité écrit en patte de mouche -normal, il est des lilliputiens- avec une loupe fort mal au point et les yeux plissés.
Il remarquerait aussi ses doigts couverts de taches d'encre...
Et ses vêtements froissés.

Ainsi que les nombreuses tasses trainant à côté des dossiers.

En gros, il aurait peur, et sortirait sur la pointe des pieds pour ne pas le déranger.
Mais voilà, celui qui vient d'ouvrir la porte n'est pas n'importe qui.
Et ne songe pas un instant à repartir comme il est venu...

Car oui, que voulez vous, il est difficilement impressionnable, cet homme là.
C'est peut-être son propre charisme qui veut ça...
Ou simplement le fait qu'il soit souverain.

Mais bien entendu, Abygail ne remarque absolument rien...

Allons, jeune homme...
Ne vous ruinez point tant la santé.

Sa voix est douce, murmure lointain, caresse imperceptible, harmonie du soir, araignée tisserande des longs rendez-vous où l'on apprend l'Autre rien qu'à rester assis à l'écouter respirer dans le noir...
Son sourire et son regard empruntent à légèreté et tristesse leurs contraires atours pour lui forger ce masque de velours alors que son coeur continue de battre son tempo trop sage, sans ralentir ni se presser, défilé d'un Janus sans masque à l'expression presque figée.
Il y a de la tendresse un peu dans ces prunelles, dans cette tête qui se penche pour observer _toujours les mêmes tics à dénoter_ rien qu'un instant...
Car déjà le monarque s'avance, en sa grâce irréelle vole à l'azur ses hauteurs prestigieuses et au glacier ses froids reflets changeants. Au lever, au coucher, toujours le même ballet, les mêmes révérences...
Fier souverain, où est ta spontanéité?
Il n'y a pas de répétitions, tout se joue sur l'instant pourtant, cet instant qui le voie, lui le monstre sacré, l'inaccessible essence aux multiples sens poser une main sur cette chevelure aux teintes acajou alors que sans même regarder son secrétaire, toujours droit et altier, sa prunelle embrasant l'horizon délétère, Rociel sans pompeux atours ni somptueux apprêts, Rociel toujours égal à lui-même fond son timbre à même le silence... à nouveau.

La vie est trop belle pour que vous la gâchiez dans des papiers...
Laissez moi m'en occuper.

Et la raison qui te fit accepter ce garçon?
Et ton clavecin, et ta voix, et ta viole?
Rociel, où donc sont passées tes passions?

Mais elles vivent, là, dans ce repli au sein enchanté, dans ce bonheur à la douceur insoupçonnée, dans ces extases à nulles autres pareilles...
Le suivant toujours, elles se font maîtresses de ses jours, amantes impromptues pour l'Impromptu tant attendu, le dévoilent sans fard ni attirail.
Il ferme les yeux et soupire... pour cet Autre plus que pour lui-même.
Car il a été choisi pour cela en partie...
Il faut permettre aux gens de trouver leur propre vérité.

Et moi dans tout ça?
Mais moi je l'ai déjà.

Alors il expire cette lassitude et cette obsession quotidienne, chassant d'un souffle la trop pesante névrose sans chercher à provoquer ni tirer Abygail de cette morne prose.

Mais il ne peut ignorer sa présence plus longtemps, bien qu'elle soit si ethérée qu'il a comme l'impression d'avoir un zéphyr pour une fois calme sur son épaule.
Mais ce n'est pas un simple esprit qui se trouve dans son dos... ni un esprit simple d'ailleurs.
Mais le temps qu'il comprenne qu'il a affaire à son souverain et se retourne pour le saluer, ce dernier murmure déjà, comme un écho à travers les âges:

"Allons, jeune homme...
Ne vous ruinez point tant la santé"

Etrange sagesse qui le fait frissonner tandis qu'il se recule, se frottant les yeux et les mots déjà placés dans son esprit pour remercier son visiteur.
Peu de personnes viennent le voir... parfois certains visiteurs qui lui posent toutes sortes de questions mais ces dossiers sont si important qu'il les chasse.
Gentiment bien sûr... mais fermant tout de même la porte à clé.

Pour plus de tranquillité.

Mais ce n'est pas un simple visiteur et au son de cette voix qu'il finit enfin par reconnaitre, il sursaute, renverse une tasse heureusement vide et se lève.
Trop vite d'ailleurs car des étoiles noires apparaissent dans ses yeux tandis qu'il flanche.
Trop de liqueurs d'éveil, pas assez de sommeil... Mais il ne faut pas qu'il s'évanouisse, voilà son Roi.

Son Souverain bien aimé et lui, fidèle dévoué, serviteur et secrétaire humble, se force à s'incliner, les étoiles se transformant en trou noir.
Un instant seulement il perd la vie mais s'efforce de rester ainsi, penché, sans se retenir à son bureau...
Il va tomber... il ne va pas tomber.

"Mon Souverain, c'est un honneur que de vous recevoir dans cet humble bureau..."

Il se relève, très lentement et recule d'un pas, sentant dans son dos le coin du bureau, faible appui.
Il ne lui demande pas la raison de sa venue car le Souverain peut aller où il lui chante sans raisons particulières.
Ses yeux ne fixent pas les siens mais ne sont pas non plus baissés en signe de soumission... ils fixent juste le haut du vêtement de Rociel.

Son coeur bat à tout rompre et il hésite un instant sur la conduite à tenir...
Avant de se rappeler le traité des Lilliputiens concernant l'accord avec les Fées sur le marché d'alcool à fournir chaque mois.
Il y a aussi une demande du Chef de la Cité des Gnomes concernant les farfadets et la plainte pour la destruction de nombreuses pierres de valeur.

Des petites batailles avec les voisins sans plus mais à régler tout de même.
Car tout ceci, de la guerre à la réprimande, du marché au traité de paix, fait partit du devoir de ses Souverains.
Et lui, le pauvre Secrétaire, doit trier, classer, ordonner tout cela pour que leur tache soit plus facilement exécutée.

Il ne sait pas s'il le regarde.
Il ne voit pas l'expression de son visage.
Et c'est d'ailleurs la première fois qu'il le rencontre, cérémonie de couronnement mis à part.

Il est ému, concentré et songe avec un peu de folie qu'il se doit de faire bonne impression.
Il se redresse, tout doucement, évitant de se recoiffer devant Rociel ce qui serait fort malvenus.
Et se racle très légèrement la gorge pour lui présenter les dossiers et lui parler de ses dossiers en cours en organisant une future réunion...

Mais se fait devancer, car d'une voix douce, toujours un simple murmure dans la pièce, Rociel s'adresse à lui.

"La vie est trop belle pour que vous la gâchiez dans des papiers...
Laissez moi m'en occuper"

Sa vie? La gâcher? Dans les papiers?
Lui laisser tout ces dossiers pour qu'il s'en occupe?
Qu'est ce que cela signifie?

Troublé, perdu, ne sachant comme réagir, Abygail passe en revue toutes les réponses à donner sans en trouver une qui lui convient.
Puis soudain, la lumière se fait dans son esprit, lui le pauvre ignorant tellement attaché à son travail qu'il en oublie les rapports humains...
Les sentiments.

Rociel le teste, tout simplement.
Le teste pour savoir s'il va se plaindre, s'il va lui tendre tout ces dossiers en sortant de cette pièce pour aller, peut-être, se promener.
Mais non, il ne tombera pas dans ce petit piège tendu par le souverain fort intelligent qui essaye de connaitre l'étendue de la fidélité de son... "bras droit".

Doucement, il s'incline de nouveau, dissimulant un sourire heureux.
Il ne le fixe toujours pas dans les yeux et certainement ne le fera-t-il jamais.
Car malheureusement pour lui, Rociel n'est que son Souverain.

Et lui, non pas Abygail mais un Secrétaire.

Etrange manière de se présenter n'est ce pas?
Je suis le secrétaire.
Et non pas une personne...

"Mon Seigneur, je trouve en ces dossiers un certain apaisement et vous me voyez ravi de travailler pour mes Souverains. N'ayez crainte, le classement des traités vient à peine d'être terminé et j'ai à vous soumettre celui concernant les Lilliputiens. Comme vous pouvez le constater, le travail a été correctement fait et cette pièce est en ordre... Je remercie mon Souverain pour l'attention qu'il me porte et je puis lui assurer que ma santé se porte au mieux. Nulle fatigue ne viendra troubler ma concentration."

Un rire.
Sans méchanceté, un rire d'oiseau comme un colibri papillonnant de fleur en nectar afin de mieux savourer les émois de son vivant brasier, ce feu incessant qu'est l'artifice de son plumage châtoyant.
Un sourire flottant sur ses lèvres, il se tourne enfin vers lui et s'incline humblement.

Je vous remercie pour ce travail, vous m'avez grandement aidé.
Mais à présent il est temps de vous reposer.

Une étincelle de malice dans ce regard plus sombre que l'Achéron lui-même, ce regard qui ne laisse rien distinguer et où l'on pourrait pourtant saisir parfois un diamant d'émois, un éclat de sentiment...
Mais non.
Le temps ne fait que le rendre plus mystérieux encore et lorsque le curieux se glorifie d'avoir enlevé un pétale à cette étrange fleur, ce n'était que pour mieux en découvrir une multitude que cachait cet amas de voiles.

Il n'y a rien d'autre que ces mots, fort simples, dénués de toute perfidie ou hypocrisie alors que sa prunelle sans ciller se pose sur la créature sans chercher à percer sa nature...
Il observe, détaille, analyse sans juger...

Si néanmoins l'idée seule de vous éloigner de ces dossiers vous est insupportable, prenez une chaise et détendez votre esprit.

Déjà en un claquement de doigt, une mélopée à peine chantonnée, la magie semble prendre place dans cette atmosphère presque confinée...
Un battement de cil et tout ceci disparaît aussitôt.
Car le sage n'étale pas son savoir... Car il faut savoir vivre simplement et surtout...
Et surtout toujours faire preuve d'humilité.
Alors il s'avance tout simplement vers le bureau avant de saisir d'une main le dossier posé sur la table, son châle glissant un peu sur ce bras un peu trop maigre, un peu trop long aussi... sans même y songer il laisse tomber le drapé, révélant une silhouette trop fine, presque maigre, semblable au bambou élancé qui suit d'une courbe les chuchotements du vent.
Ses yeux se plissent tandis qu'il les pose sur ces lignes fines écrites par les petites mains des lilliputiens, mais là encore il ne fera pas usage de son pouvoir, se contentant d'attraper la loupe pour en sertir les mots défilant sous le verre, déchiffrant en silence le traité, assis en tailleur sur le sol...

Un instant seulement il croit déceler dans son rire une pointe de moquerie.
Mais ceci n'est dût qu'à sa nervosité grandissante de faire face enfin à son souverain.
Et même si le soulagement ne le gagne pas, il se contente doucement de sourire, comme seule réponse."Je vous remercie pour ce travail, vous m'avez grandement aidé.
Mais à présent il est temps de vous reposer."

Comme de bien entendu, il n'écoute que ce qui concerne son travail et oublie volontairement la partie où il doit se reposer.
Toujours raide et digne, un peu plus... confiant peut-être, il s'incline, s'efforçant d'être parfait.
Oubliant juste un instant que la fatigue, même dissimulée sous l'excitation de connaitre enfin son Souverain et d'être à la hauteur de ses espérances, n'a pas disparue.

Il doit faire peine à voir et c'est certainement pour cela que Rociel lui conseille de se reposer.
Mais il ne peut pas, car les dossiers s'empilent, s'accumulent et ont besoin d'être classé.
Sinon ses Souverains se trouveraient débordés par une montagne de dossiers pêle mêle et ne sauraient où donner de la tête.

"C'est un honneur de servir mes Souverains et de les aider dans leur tâche si noble..."

Ce n'était pas de la lèche puisque sa voix tremblait presque sous la sincérité.
Et oui, c'était un secrétaire dévoué.
Presque à mourir pour ses souverains peut-être...

Ou bien pour ses dossiers.
Mais comprenez le... il n'avait plus que ça désormais.
Et plonger dans ses dossiers lui faisait oublier qu'il n'avait pas d'autres vie hors de cette pièce.

Son propre monde.
Sous contrôle.
Pour ne pas hurler de terreur ou juste fondre en larmes.

"Si néanmoins l'idée seule de vous éloigner de ces dossiers vous est insupportable, prenez une chaise et détendez votre esprit."

C'est le claquement de doigt, plus que la phrase qui le fait tressaillir.
Et répondant à ce souffle chaud qui traverse soudain la pièce et le submerge légèrement, son instinct s'éveille.
Ce n'est pas très impressionnant, juste la température qui s'élève d'un degrés à peine...

Mais c'est le démon en lui qui répond.
Qui salue et s'incline.
Qui respecte cette magie, vieille mais sage... dangereuse comme bienfaitrice.

Son instinct de démon sait pourquoi Rociel a été élu.
Mais son instinct est quelque chose de si "à part" en lui qu'il se braque et le repousse, apeuré.
Que ferait-il s'il mettait le feu à la pièce sans s'en rendre compte?

Ou pire, à Rociel?
Ou pire! Aux dossiers?!

Alors il chasse, repousse, menace, cet être en lui qu'il n'a jamais sû accepter.
Cette part qui lui chuchote qu'il est un démon au service de la forge.
Cette part qu'il croit responsable de tout ces maux.

Pas qu'il hait sa race.
Non, il se hait juste lui-même.
C'est plus fourbe... plus destructeur aussi.

Le souverain s'avance et il s'écarte, sans même regarder où il pose les pieds, habitués.
Il effleure une chaise noire où les dossiers concernant les démons attendent simplement d'être relus et classés.
Classés dans cette immense armoire magique au fond de la pièce qui n'attends que ses mains pâles pour être ouverte et dévoiler sa caverne aux merveilles.

Il le regarde prendre un dossier, puis sa loupe et va pour l'avertir du paragraphe B_1 écrit d'une manière qui peut laisser présager le doute concernant les valeurs de marché des Lilliputiens...
Mais soudain il panique, sa poitrine se serre, son coeur s'emballe et ses yeux s'écarquillent.
Rociel. S'est. Assis. Au. SOL!

Il se redresse, ose croiser son regard et s'incline vivement, manquant de tomber en avant.
Il balbutie, recule, heurte une chaise rouge -celle des Lamais- et présente son fauteuil, tête baissée.
Sa voix est voilée, ses yeux éteint et pendant un léger instant il a une absence avant de se reprendre.

Il ne doit pas tomber.
Car sinon l'instinct démoniaque risque de prendre le pas.
Et cela pourrait s'avérer très très dangeureux.

"Mon Seigneur je vous prie de bien vouloir excuser le manque de mobilier de cette pièce... si vous voulez bien prendre place dans ce fauteuil, j'irais vous chercher une tasse de thé pour vous aider dans votre lecture... ou bien désirez vous autre chose?"

Il relève la tête un instant, surpris, et fait un vague geste de la main.

Allons, détendez-vous, nous sommes des individus avant d'être des rôles utiles à cette société. Et même si nous accomplissons notre devoir, cela ne doit pas faire de nous des pantins ou des robots pour autant.

Un sourire fugitif mais déjà il se replonge dans sa lecture sans se formaliser de la nervosité du garçon. Chacun doit s'habituer à l'autre, et il faudra du temps aux gens pour comprendre qu'il ne pourra être respecté en tant que souverain que lorsqu'il aura prouvé sa valeur en tant qu'être.
Il ne s'agissait point d'endosser un rôle, de se mouler dans un vêtement seyant... Il fallait créer.
Créer.
Se forger son propre renom, faire de son nom un synonyme de sagesse et d'équité, d'espoir et de liberté... S'emparer du pouvoir pour mieux le redistribuer équitablement entre les communautés.
Tout ceci n'était qu'un jeu d'échec et lui un arbitre qui devait réguler tout ceci pour permettre au juste de gagner...
Lucide et avisé.
Voici les qualités qu'il devait développer.

Comme son objectivité était néanmoins intrinsèquement liée à sa subjectivité, il lui fallait s'accomplir chaque jour en tant qu'âme, corps et coeur afin que son esprit lui permette de se distancer, jauger le terrain dans son ensemble, s'attarder sur tel groupement ou même une pièce en particulier, s'intéresser à chaque mélodie pour mieux entrevoir la trame harmonique finale...

Car il était harmoniste.
Viscéralement, complètement...
Au point que la magie prenne corps par-delà les mots, par-delà les rituels coutumiers, transformé en berceuse ou symphonie, grandiose ou langoureuse...

Soudain il sourit, repensant à un autre monde, aux danseurs et à la chorégraphie...
L'Harmonde.
Univers cher à son coeur qu'il avait pourtant dû quitter, tel un fantôme qui passe mais ne se pose, traverse le temps et l'espace le temps d'échanger seulement quelques idées, repartir riche de paysage et d'émois nouveaux...
Qu'il avait dû quitter comme il finissait toujours par délaisser quelqu'un ou quelque chose...
Laisser ou être abandonné.

Seule la musique semblait échapper à cette loi édictée par quelque destin fatal, berceau de rêves cotonneux, langes nuageux et ténébreux orages...
Mais après tout...
Rociel n'était-il pas musique?

» Dans le petit salon [PV Rociel]